« La décision », de Karine Tuil

ou le dilemme d’une juge d’instruction

8 mars 2022

L’actualité commentée

Mars 2022

« Mon métier, c’est l’appréciation de la dangerosité mais aussi croire en l’être humain. Je veux continuer de penser qu’une personne peut se ressaisir et changer », explique Alma Revel, juge d’instruction antiterroriste, à Paris dans le récent livre de Karine Tuil clairement titré « La décision ».

En 2015, la juge est entrée au Bataclan, où elle a été confrontée à l’horreur et, tous les jours, elle se sent « aspirée par la noirceur » face à la haine des prévenus, aux quotidiennes injures, grossièretés, imprécations et autres menaces de mort… Face aux victimes aussi qui réclament des coupables…
Abdeljalil Kacem, suspecté d’avoir porté allégeance à Daesh, est revenu de Syrie où, dit-il, il s’est rendu pour aider la population maltraitée par Bachar-el-Assad.

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Elle doit instruire son dossier et trancher, décider ou refuser une mise en liberté sous bracelet électronique.
Au fil des pages dans lesquelles la juge raconte son quotidien à la première personne, sont insérés les extraits d’interrogatoire du présumé djihadiste. Et les questions surgissent, se répètent : Est-il sincère ? Est-il honnête ? Ou utilise-t-il la « taqiya », stratégie de dissimulation à laquelle recourent des terroristes pour passer sous les radars ?

Faut-il le laisser en prison, en détention préventive, alors que l’on sait que ces jeunes présumés djihadistes sont « comme des bombes à retardement » ? En prison, alors qu’Abdeljalil, s’il est coupable, ne s’y amendera pas ? Où, au contraire, il risque de se radicaliser, d’être brisé ? Faut-il le libérer, c’est-à-dire prendre le risque qu’il commette un attentat ? La responsabilité est lourde pour celle qui possède le pouvoir de trancher !
Tout au long des pages, la juge questionne et se questionne : « Rendre une décision injuste, c’est ce qu’il y a de pire » mais aussi « Est-ce que je prends la bonne décision ? Et qu’est-ce qu’une bonne décision ? Bonne pour qui ? Le mis en examen (c’est-à-dire l’inculpé en droit belge) ? La société ? Ma conscience ? ». Et encore et toujours : faut-il faire confiance, oser faire confiance ?

Parallèlement à un travail quotidien harassant, complexe, Alma Revel doit aussi gérer sa vie personnelle alors qu’elle se sépare de son mari. Et l’intrigue se complique d’une histoire d’amour avec un avocat défendant le jeune suspecté d’être un terroriste. Une autre décision devra être prise…

La décision - Karinne Tuil - Gallimard

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