L’actualité commentée

Février 2023

UNamur : Quand l’étude du droit devient concrète…

Le 28 février 2023

Les études de droit ? Très abstraites ! entend-on souvent dire. Avec son « Fil rouge », un projet pédagogique unique en son genre, la faculté de droit de l’UNamur fait mentir cette réputation. Questions-Justice entame ainsi son voyage au sein des facultés de droit de la Communauté française pour rendre compte des spécificités de chacune.

Une thématique

À Namur, il s’agit de « décloisonner les matières en créant des liens entre chaque cours et en adoptant une approche transversale ». L’objectif ? Permettre aux étudiants « de découvrir que le droit est un (bon) outil aux services des valeurs, en les poussant à devenir des juristes engagés ».
À la base, une thématique est choisie : ce sera « Enfance et migration » pour l’année 2022-2023. Depuis le début de l’année, elle est exploitée dans les différents cours, les travaux, les activités pédagogiques. Elle est étudiée, approfondie lors de conférences, par exemple, Benoit Van Keirsbilck, directeur de D.E.I. (Défense des enfants international) a présenté le dossier en responsabilité civile introduit par D.E.I. contre l’État belge dans le cadre de l’affaire Mawda (du nom de la fillette kurde qui se trouvait avec ses parents, avec d’autres migrants, dans une camionnette et qui fut tuée par balle lors d’une course-poursuite sur l’autoroute) et l’avocat d’un des prévenus a exposé le volet pénal du même dossier. Autres exemples : après la vision du film « Tori et Lokita » des Frères Dardenne a eu lieu un débat avec un psychiatre et une coordinatrice de la Croix Rouge. Les étudiants ont aussi assisté à la pièce « Mawda ça veut dire tendresse » et rencontré les acteurs… Une soirée d’information a été organisée pour des étudiants souhaitant former un tandem avec un mineur étranger non accompagné (MENA). Certaines activités sont même ouvertes au public.
Par exemple, celui-ci a été invité à une simulation de procès concernant l’accueil et le transport de migrants : par deux, l’un devenu substitut du procureur et l’autre avocat, les étudiants se sont succédé, le premier requérant la peine et l’autre défendant le « prévenu », par exemple le conducteur d’un véhicule transportant des migrants. La soirée s’est poursuivie avec une intervention d’Alexis Deswaef, avocat spécialisé dans la défense des migrants.
Impossible de tout citer, le programme était et restera particulièrement riche. Au programme du second semestre, il sera par exemple question d’un match d’impro ou encore d’une collaboration à une journée d’interpellation citoyenne à propos de l’accueil des réfugiés avec spectacles, concerts, ateliers, débats, expos…

« Un super projet ! »

Selon une étudiante, « le projet est super intéressant. Il touche vraiment à tous les cours, que ce soit en droit public ou en droit privé. On a pu parler du procès pénal de Mawda en tant que tel mais aussi de la mise en cause de la responsabilité de l’État par l’association DEI par exemple. On a souvent du mal, quand on apprend théoriquement la matière, à comprendre les liens étroits entre les différents cours et, avec ce sujet transversal, nous avons pu voir toutes les conséquences que peuvent avoir de telles affaires sur le plan juridique. Surtout, ça a amené beaucoup de concret dans les études de droit qui sont souvent très abstraites. L’affaire est utilisée dans des cas pratiques par exemple. Et les conférences nous ont aussi permis de rencontrer des personnes qui travaillent sur le terrain. En bref, j’ai trouvé que c’était vraiment un super projet mais aussi un super sujet. Il rappelle l’humanité qu’on cherche quand on se lance dans des études de droit ».
Lors de la simulation d’un procès, jouant l’avocate d’une personne jugée parce qu’elle a aidé des migrants, cette étudiante a conclu sa plaidoirie par un vibrant : « Je propose à l’État de remercier ma cliente pour le travail qu’il n’a pas fait ! »

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