Certaines personnes ignorent qui est leur père biologique. Tel est le cas de celles qui ont été conçues par insémination artificielle, c’est-à-dire pour lesquelles le sperme d’un donneur anonyme a été injecté dans l’utérus de leur mère. Devenues adultes, ces personnes peuvent souhaiter connaitre l’identité de leur géniteur.
Essuyant un refus sur ce point, elles se sont tournées devant la Cour européenne des droits de l’homme : elles soutenaient que cela violait le droit au respect de leur vie privée.
Qu’en a dit la Cour ? Voici quelques explications.
Mots-clés associés à cet article : Filiation , Vie privée , Droit au respect de la vie privée , Vie familiale , Enfant , Procréation médicalement assistée (PMA) , Droit au respect de la vie familiale , Intérêt supérieur de l’enfant , Famille , Identité , Insémination artificielle
En 2021, la France permettait que dorénavant les personnes nées d’un don de sperme aient accès, à leur majorité, à un certain nombre de données, identifiantes ou non, du donneur.
Pour les personnes nées avant cette loi, le donneur doit expressément donner son accord à la levée de son anonymat. Si ce n’est pas le cas, celui-ci est préservé.
Cela a été contesté devant la magistrats de la Cour européenne n’étaient pas d’accord avec l’arrêt.
Dans de nombreux États, comme en Belgique, une décision de justice qui est prise par plusieurs juges est adoptée à la majorité. On ne sait jamais qui pense quoi : tout le monde a pris la décision et est sensé s’y rallier.
C’est différent à la Cour européenne des droits de l’homme : les juges qui ne sont pas d’accord (ou même qui expriment des nuances par rapport à ce qui est décidé, sur l’un ou l’autre point) peuvent le faire savoir et leur avis est public. C’est ce qui s’appelle l’opinion dissidente.
Ces trois juges dissidents – donc pas d’accord avec l’arrêt – reconnaissent l’importance de la protection de la vie privée du donneur et de son consentement. Ils considèrent qu’il faut également tenir compte de l’importance que peuvent avoir la connaissance de ses géniteurs et la souffrance née de son ignorance.
Ces juges estiment que l’intérêt de l’enfant, quel que soit son âge, doit aussi être pris en compte.
Une autre question se pose et reste sans réponse : le donneur concerné par la demande d’un des Français, est décédé. L’obligation d’un accord doit-elle encore exister après le décès ? Ne faudrait-il pas alors accorder plus d’importance à un vivant qu’à un mort ? Mais ici aussi, la famille du défunt découvrirait ce don, plus de vingt ans plus tard…
Alors qu’auparavant le géniteur était simplement considéré comme un « donneur de vie », il est aujourd’hui davantage perçu comme intervenant dans l’histoire d’un autre humain.
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