De 1990 à 2015, la journaliste Patricia Tourancheau a traité les faits divers pour le journal Libération. Elle a publié plusieurs livres, écho de son travail, parmi lesquels « La machination familiale » concernant l’affaire Gregory ou, plus récemment « Kim et les papys braqueurs », racontant le vol des bijoux de la mondaine américaine Kim Kardashian.
Aujourd’hui, elle a choisi 69 articles sur les 3000 à 3500 rédigés pendant ces vingt-cinq ans de « fait-diversière », une appellation qu’elle revendique. Réunis, ils sont édités sous le titre « Rubrique Faits divers », une « traversée du monde criminel », écrit-elle en quatrième de couverture.
Mots-clés associés à cet article : Cour d’assises , Crime , Délinquant , Faits divers , Tourancheau (Patricia)

Elle se décrit : « Passeuse et conteuse d’histoires, je ne juge pas, je ne flique pas, mais je questionne, j’écoute et recoupe pour retracer un épisode, un parcours, une bascule, un portrait ». Et encore : « J’ai toujours cherché l’humain derrière le crime ».
Le dessous des choses

Quatorze chapitres thématiques nous font découvrir ou redécouvrir – parce que certaines affaires ont été célèbres – des criminels aux vies, aux motivations, aux manières chaque fois différentes. Il y a les skinheads, les escrocs, les tueurs de masse, les kidnappeurs et les braqueurs, les espions, les terroristes, les faussaires, les serial killers, les « bandits des grands chemins », des femmes aussi… Ou encore les « paumés du djihad » : « mes clients attitrés durant mes vingt-cinq années », écrit-elle.
Le travail est minutieux, fouillé : Patricia Tourancheau investigue sans relâche, rencontre les uns et les autres, les enquêteurs, les experts, le criminel parfois, ses victimes, les proches du tueur comme ceux des victimes. Elle suit les procès d’assises, manifeste de l’empathie pour comprendre et puis montrer « le dessous des choses ».
Sous le mot « assassin » ou « meurtrier », on découvre des hommes, et quelques femmes : ceux qui avouent ou, parfois, regrettent leur geste, ceux qui se justifient et disent défendre une cause, les pervers parfois ou les paumés, souvent…
La « fait-diversière » reste en contact avec certains accusés après leur procès, alors qu’ils sont en prison et parfois plus tard encore ; elle nous apprend parfois ce que sont devenus les protagonistes et l’on découvre que, parfois, l’un ou l’autre a commencé une nouvelle vie, loin de son passé criminel, après des années de prison…
Ni tout noir ni tout rose
« Rubrique Faits divers » est un gros bouquin, il compte plus de 500 pages, mais se lit comme une suite d’histoires. Le style est alerte, l’auteure narre, raconte ce qu’elle appelle « une traversée du monde criminel […] pas tout noir ni tout rose ». C’est là un des points forts du livre : on va plus loin que l’acte, on traque le pourquoi, on décortique le fait, autant que possible. Il n’y a pas d’horribles tueurs et de pauvres victimes. Ou, en tous cas, les horribles tueurs sont aussi des hommes de chair et d’os.
Un livre souvent passionnant, fascinant aussi !
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