Pour qu’une première audience se tienne à la Cour d’appel de Bruxelles, il faut attendre quatre ou cinq ans. Le parquet de Bruxelles ne poursuit plus les actes de harcèlement. Une justice de paix a fermé au Brabant wallon. Le palais de justice de Namur, devenu dangereux, a dû être fermé…
À plusieurs reprises, des avocats, des magistrats et des employés des greffes ont manifesté et souligné le mauvais état et le mauvais fonctionnement de la justice belge.
Mots-clés associés à cet article : Arriéré judiciaire , Avocat , Barreau , Avocats.be , Ordre des barreaux francophones et germanophone , Nomination des magistrats , Cadre des magistrats et des greffiers , Budget de la Justice
Aujourd’hui, l’Ordre des barreaux francophone et germanophone (OBFG), encore appelés Avocats.be, attaque l’État belge en justice au Tribunal de première instance francophone de Bruxelles.
Précisons qu’Avocats.be déclare agir non seulement au nom des avocats mais aussi pour porter les intérêts des justiciables donc… de nous tous, citoyens francophones et germanophones.
Pourquoi ?
Avocats.be estime que l’État belge est, en quelque sorte, hors la loi. En effet, la loi prévoit un « cadre », c’est-à-dire un certain nombre de magistrats et membres du personnel judiciaire. Mais ce chiffre n’est pas atteint. Selon Avocats.be et le service public fédéral de la Justice, 83 % seulement du cadre est rempli. Le ministre de la justice, Koen Geens, lui, parle de 90 % mais un cadre rempli à 90 % ne serait pas légal non plus.
Comment expliquer cette différence de pourcentages ? En réalité, le ministre comptabilise tous les postes en voie d’être remplis mais toujours vacants. Mais un juge, un procureur, un greffier, etc., ne sont pas remplacés dès leur départ mais seulement après de nombreux mois. Les personnes absentes pour maladie de longue durée ne sont pas remplacées non plus. Cela explique la différence de pourcentages et cela contribue aux difficultés de fonctionnement de la Justice !
L’État ne respecte donc pas une loi qu’il a lui-même créée. C’est une faute et quand il y a une faute et que celle-ci a des conséquences dommageables, il y a aussi responsabilité de celui qui commet cette faute. Donc Avocats.be attaque l’État belge puisqu’il n’assume pas ses responsabilités.
Que demande Avocats.be ?
Avocats.be demande au Tribunal de condamner l’État belge à déclarer vacants les postes de magistrats et de personnel de greffes prévus par les cadres et actuellement inoccupés. Il lui demande aussi de publier les appels à candidature dans un délai de trois mois, le tout sous peine d’une astreinte par jour de retard. Il demande ensuite à ce que l’ensemble des emplois soit pourvu dans un délai d’un an à partir de la publication des places vacantes.
À l’avenir, il demande encore à ce que les vacances soient publiées dix mois avant le départ de la personne à remplacer.
Pourquoi cette situation dramatique ?
Nous avons interrogé Jean-Pierre Buyle, président d’Avocats.be. Il explique que le pouvoir « a considéré que la Justice était le parent pauvre de l’État ». Effectivement, comparons le budget de la Belgique pour la Justice à celui d’autres pays européens comme l’a fait une enquête du Conseil de l’Europe : on remarque que la moyenne des dépenses publiques pour la Justice des pays qui ont répondu à l’enquête du Conseil de l’Europe est de 2 % du budget total. En Belgique, il est seulement d’environ 0,7 %.
« Investir dans la Justice est un choix politique », conclut Jean-Pierre Buyle. Effectivement, c’est aux responsables politiques (donc au Parlement et au Gouvernement) de décider ce qu’il fait de l’argent dont il dispose, à quels domaines il le destine : à la sécurité sociale, à l’enseignement, au remplacement des F16, aux transports publics, etc., ou à la Justice…
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