Drôle de titre, non ? Quand on pense « avocat », on pense sans doute souvent d’abord à une personne qui en défend une autre, accusée ou victime d’une infraction.
En réalité, les avocats interviennent dans de multiples situations très différentes. On peut donner bien des exemples : X a commis un vol ou en est victime, Y est en conflit avec son conjoint, son voisin ou encore son entrepreneur, Z n’est pas d’accord avec un jugement qu’il vient de recevoir, V est victime ou responsable d’un accident…
Mots-clés associés à cet article : Avocat , Barreau , Démocratie , Procès équitable , Droits de la défense , État de droit , Droits humains/Droits de l’homme , Dictature , Avocats en danger
Dans toutes ces situations, un avocat peut assister ces personnes. Un avocat, c’est un professionnel qui a étudié le droit. C’est donc quelqu’un qui connait les règles du droit et les manières de travailler quand on s’adresse à la justice. Il peut donc donner des conseils en connaissance de cause. Il est aussi le porte-parole d’une personne qui s’adresse à la justice. Qu’il s’agisse de juger une infraction ou de régler un conflit devant un tribunal, il est alors un défenseur.
Un droit : être assisté d’un avocat
Un procès n’est valable que si la personne concernée a pu exposer ses arguments !
Selon le droit belge mais aussi le droit international, toute personne qui doit comparaitre devant la justice a le droit d’être assistée par un avocat libre et indépendant. Si ce n’est pas le cas, son procès n’est pas équitable. Dans le langage de la justice, on dira que « les droits de la défense n’ont pas été respectés ».
Dans les dictatures
En Belgique et dans les pays voisins, effectivement, les avocats font leur travail sans être en danger.
Ce n’est pas le cas partout dans le monde. Dans de nombreux pays qui ne respectent pas les droits humains, ceux qu’on appelle généralement des dictatures, les avocats peuvent être menacés par des individus, des organisations ou des institutions de leur pays. Ils peuvent subir des pressions, des intimidations. Ils peuvent même être arrêtés, emprisonnés, torturés. Parfois, ils disparaissent. Parfois, ils sont tués ou assassinés.
Ces avocats ne sont pas n’importe quels avocats, ils n’assistent pas n’importe quels citoyens. Ils défendent des citoyens qui ne sont pas d’accord avec les dirigeants de leur pays, des citoyens qui défendent les droits humains. Donc, par exemple, ceux qui revendiquent l’égalité des hommes et des femmes et s’opposent à la suppression des droits de celles-ci. On peut encore citer ceux qui s’opposent à des arrestations injustes de personnes non violentes. Citons aussi ceux qui ont dit leur opposition à la torture des opposants en prison, à la peine de mort, à la guerre que mène leur pays…
Ainsi, ces avocats défendent des personnes elles-mêmes accusées et/ou arrêtées parce qu’elles défendent les droits universels. Ils sont à leur tour arrêtés, considérés comme étant dangereux pour leur pays puisqu’ils en contestent les dirigeants et leurs pratiques. Comme ceux qu’ils défendent, ils sont considérés comme des ennemis à mettre hors d’état de nuire.
Dans de nombreux pays
Ainsi, Yras Zyankovitch, avocat biélorusse a-t-il été arrêté en avril 2021. Il est accusé d’une tentative d’assassinat du président dictateur Loukachenko, ce qu’il a toujours nié. Il a été condamné à une peine de onze ans de prison. Depuis, il a plusieurs fois fait une grève de la faim et sa santé se détruit. En août dernier, il a encore été condamné à deux années de prison supplémentaire « pour désobéissance malicieuse à l’administration pénitentiaire ».
L’avocate égyptienne Hoda Abdelmoniem recueillait des informations sur des violations des droits humains, y compris des cas de disparitions forcées. En mars 2023, elle a été accusée d’avoir rejoint, financé et soutenu une « organisation terroriste » et d’autres fausses accusations liées à son travail en faveur des droits humains dans cette organisation. Elle a été condamnée à cinq ans de prison.
Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi, des avocats zimbabwéens spécialisés dans les droits humains, ont été arrêtés le 4 septembre 2023. Ils étaient les avocats des défenseurs des droits humains et des militants politiques victimes de violations systématiques des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
En Chine, l’avocat Chang Weiping est connu pour son travail en faveur des droits des personnes victimes de discrimination liée à l’état de santé, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. En janvier 2020, il a été arrêté pendant dix jours et privé de son droit de travailler. Quelques mois plus tard, il a raconté, dans une vidéo, comment il a été torturé. Il a alors de nouveau été arrêté et condamné à trois ans et six mois de prison.
On pourrait hélas continuer à donner de multiples exemples dans ces pays comme dans d’autres. Pour davantage d’informations sur ce point, chacun peut consulter le blog d’avocats.be consacré aux avocats en danger dans le monde : régulièrement, ce blog évoque le cas de tel ou tel avocat concerné. Amnesty International s’occupe également de situations de ce type.
Aggraver, renforcer les dictatures
Menacer, condamner, emprisonner, voire tuer des avocats qui font leur travail, c’est encore aggraver le non-respect des droits des citoyens de ces pays dirigés par des dictateurs. C’est renforcer une dictature en écartant tous ceux qui la contestent.
Selon l’Observatoire international des avocats en danger, les avocats arrêtés, emprisonnés ou même disparus ou assassinés sont chaque année de plus en plus nombreux.
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