« N’aurions-nous pas, à sa place, fait comme lui ? Cette question se pose toujours, un jour ou l’autre, aux assises. On le regarde et on l’écoute avec attention, assis dans son box, crâneur ou misérable, véhément ou muet, combatif ou résigné. Il est accusé d’avoir tué une femme, un rival, un créancier, une collègue de travail, un voisin, et d’ailleurs, il a avoué qu’il avait tué. »
Ainsi Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard, chroniqueurs judiciaires français, s’interrogent-ils dans « Jours de crime », un livre dans lequel ils proposent de multiples récits de la vie des cours d’assises de France.
On rencontre les accusés, ceux qui ont commis des crimes « idiots, qu’on peut comprendre » et les tueurs en série. Il y a l’amant, la mère, l’empoisonneuse, le truand, le frère ou le fils, …
On croise de nombreux inconnus mais aussi d’autres accusés dont nous avons tous plus ou moins entendu parler : Michel Fourniret ou François Besse, François-Marie Bannier, le photographe de l’affaire Bettencourt, Bertrand Cantat ou un accusé d’Outreau…
Pas d’éclat, pas de sang, pas de voyeurisme ni de longues pages racontant tout un procès mais des flashs, des instantanés, des anecdotes liées au suspect, l’avocat, le juge… Ou encore quelques lignes croquant les experts, les huissiers, un certain public, les jurés ou même le bistrot des palais de justice.
On découvre les trucs et ficelles des avocats, le recours aux « grands témoins », le bagout du voyou professionnel, la verve des grands avocats pénalistes…
Il y a des moments souriants quand un agriculteur, acquitté alors que jugé pour un viol, appelle ses cochons des noms de son avocat qu’il ne veut pas oublier… Ou quand le ronflement de la greffière ou le sommeil de la juge perturbe une plaidoirie…
Il en est d’autres où l’on s’attendrit quand une petite fille, face à l’assassin de sa mère, conclut qu’elle, au moins, sa mère l’a aimée. Ou quand la sœur d’un meurtrier affirme : « Je serai toujours là pour toi, Francis. On va y arriver (…) ».
Il y a des moments de grâce, quand l’avocat général demande et obtient l’acquittement d’une femme violentée des années durant par le mari qu’elle a tué. Ou quand un colonel prend la parole lors du procès de ses hommes accusés d’homicide involontaire pour demander au jury de leur accorder une seconde chance… Et à tous d’aider les victimes.
Et l’on pourrait ajouter des moments de… jubilation : quand Victor Hugo lui-même tranche le conflit entre ses descendants et un éditeur qu’ils attaquent pour « profanation littéraire ». Ou quand un avocat obtient l’acquittement de son client pour « doute grammatical ».
« Jours de crimes » est écrit dans un langage très accessible. Si nécessaire, un mini-glossaire est fourni en fin d’ouvrage.
« Jours de crimes » - Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard – Éditions L’iconoclaste.
Invitation à la lecture : « Jours de crimes » : instantanés aux cours d’assises
18 mai 2018
Gisèle Tordoir
Je suis d’accord avec Nadine dans le sens où je ne me suis jamais mise à la place de quelqu’un d’autre. Il n’y a aucune raison que je le fasse ni personne d’ailleurs. Comme l’écrit Nadine, ce sont nos "élites" qui ont mené cette politique (esclavagisme, colonisation, e.a.). Je n’ai, du coup, aucun penchant pour la repentance. N’étant pas à la place de l’autre, je ne peux m’imaginer faire ce qu’il fait ou a fait.
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Invitation à la lecture : « Jours de crimes » : instantanés aux cours d’assises
17 mai 2018
Nadine
« N’aurions-nous pas, à sa place, fait comme lui ? ...".
Saillie convenue destinée à faire obstacle.
Il est évident que "nous" ne sommes pas à sa place et que "nous" n’avons aucune raison de nous y coller !
Ce qui est sidérant c’est le degré d’ignorance et de désinformation auquel ils (elles) sont arrivés à maintenir la population.
Ce n’est pas une fatalité, mais une politique menée par nos "élites" depuis 40 ans. Or ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire.
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