Dans un avant-projet de loi, le Gouvernement envisage la réforme des allocations de chômage : celles-ci seront réduites à deux ans maximum, alors que, jusqu’à présent, elles sont illimitées.
La section de législation du Conseil d’État vient de donner son avis sur cette réforme.
Mots-clés associés à cet article : Conseil d’État , Cour constitutionnelle , Sécurité sociale , Syndicat , Chômage , Standstill , CPAS , Droit à la dignité humaine

C’est le rôle de la section de législation du Conseil d’État, saisi par le Gouvernement, de donner son avis concernant de futures lois. Il examine notamment si elles sont correctes et si elles respectent bien les règles supérieures, notamment la Constitution et les traités internationaux. Le Parlement, qui vote les lois, n’est cependant pas obligé de respecter ces avis.
Rappelons qu’il y a deux sections au Conseil d’État : la première, la section de législation, donne des avis sur des projets ; la seconde, la section du contentieux administratif, est une véritable juridiction et prononce des arrêts ; pour davantage d’explications sur ce point, la fiche « Conseil d’État » de Questions-Justice est à votre disposition.
Que dit la section de législation du Conseil d’État au sujet de la réforme du chômage ?
Cette réforme transformerait un droit illimité dans le temps en un droit limité.
Or, l’article 23 de la Constitution, qui consacre notamment « le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine » et le droit à la sécurité sociale, est généralement considéré comme contenant une obligation dite de « standstill » (ou « effet cliquet ») : cela veut dire que les droits existants qui contribuent à cette vie digne ne peuvent être réduits de manière significative, sauf si ce recul est justifié par des motifs d’intérêt général.
Pour la limitation dans le temps de l’octroi d’allocations de chômage, le Conseil d’État estime que cela diminue effectivement la protection à laquelle les citoyens ont droit. Il s’agit alors de voir si cette diminution peut être justifiée parce qu’elle poursuit un objectif légitime. Eh oui, dit le Conseil d’État, les raisons invoquées sont valables, raisonnables. Selon le Gouvernement, elles visent à augmenter le nombre d’emplois et à réaliser des économies. Elles justifient donc la décision du Gouvernement.
Autre raison : les personnes qui perdront leur droit aux allocations de chômage auront la possibilité de s’adresser aux CPAS ; elles pourront y obtenir un revenu minimum, ce qui leur garantira une vie digne.
Pas d’accord
La FGTB continue à estimer que l’article 23 de la Constitution n’est pas respecté.
Le Gouvernement avait laissé un très court délai au Conseil d’État pour donner son avis. Le syndicat déplore que celui-ci ait manqué de temps pour rendre son avis. Un manque de temps que le Conseil d’État a lui-même constaté.
La FGTB envisage de faire un recours devant cette Cour constitutionnelle si cette loi est adoptée. Questions-Justice fera écho à l’arrêt qui sera rendu si la loi est adoptée et que ce recours est introduit.
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