Six millions de juifs sont morts dans les camps d’extermination pendant la guerre de 1940-1945.
En Argentine, de nombreuses personnes ont disparu pendant la dictature (1976-1983), sans que leur famille sache ce qu’elles étaient devenues…
Dans d’autres pays également, les droits humains n’ont pas été respectés.
Comment régler ce type de conflits ?
Mots-clés associés à cet article : Modes alternatifs de résolution des conflits , Génocide , Shoah , Droits humains/Droits de l’homme , Afrique du Sud , Apartheid , Argentine , Dictature , Violences massives , Justice transitionnelle
De très nombreuses personnes ont été arrêtées, non pas quelques-unes mais des centaines, des milliers, des millions parfois. Elles ont été emprisonnées, torturées, violées, assassinées. Certaines ont disparu. Des communautés entières ont dû fuir ou ont été massacrées. Des atrocités ont été commises contre une population à cause de sa religion, de la couleur de sa peau, de ses idées concernant la manière de gérer son pays…
Quel après ?
Comment peut-on continuer à vivre après de tels évènements ? Comment les victimes peuvent-elles arriver à dépasser d’inévitables traumatismes ? Et comment vivre ensemble, pacifiquement, quand les victimes et les responsables des atrocités sont voisins ?
Ces questions se sont évidemment posées après la guerre comme après la dictature argentine.
En Europe, les pays vainqueurs en 1945 ont mis sur pied le tribunal de Nuremberg pour juger les coupables du génocide juif. Ça, c’est la réponse de la Justice.
Mais il y a d’autres formes de réponses. Par exemple, en Argentine, des femmes, les « Mères de la place de mai » dont les enfants avaient disparu, ont manifesté toutes les semaines en demandant que la vérité soit dite et que les arrestations, les disparitions, les assassinats cessent.
Ces réactions sont à l’origine de ce qu’on appelle les justices transitionnelles. Elles sont une forme de justice alternative, autrement dit une justice différente de la justice habituelle, avec ses cours et ses tribunaux.
Comment agir ?
Les justices transitionnelles s’intéressent à la manière dont les sociétés réagissent aux violations graves et massives des droits humains. Elles veulent permettre, à la fois, qu’un vivre ensemble soit possible et que les atrocités n’aient plus jamais lieu.
Pour répondre aux demandes des victimes, pour qu’un vivre ensemble soit possible, ces procédés de justice alternative ont identifié plusieurs principes. Il est important :
- de rechercher des vérités ;
- de déterminer des responsabilités et des poursuites judiciaires ;
- d’envisager les réparations ;
- d’envisager aussi un travail de mémoire ;
- de prévoir des garanties de non-répétition.
Il est tout aussi nécessaire que les décisions à prendre permettent la participation de toutes les personnes concernées. Et encore que les demandes de toutes les victimes soient prises en compte pour éviter que de nouvelles violences aient lieu. Chaque situation est particulière et aucune ne peut être considérée comme un modèle. Cependant, l’étude des différentes manières de réagir aide à trouver comment réagir ailleurs.
Multiples vérités
On peut citer un autre exemple de justice alternative, en Afrique du Sud en 1995. Ce fut à l’occasion de la fin officielle de l’apartheid, cette manière d’organiser le pays sans respecter les droits de la population noire. La « Commission de la vérité et de la réconciliation » a alors été mise en place. La société civile a été consultée pour décider des objectifs et de la manière de travailler de cette commission.
Celle-ci a permis de comprendre et de mettre en évidence qu’il existait quatre types de vérité :
- la « vérité factuelle ou médico-légale », reprenant toutes les informations précises révélées par des sources sûres ;
- la vérité personnelle et narrative, autrement dit l’histoire d’un épisode ou d’un incident raconté par une personne ;
- la vérité sociale, créée par le dialogue entre les parties concernées ;
- la vérité réparatrice ou de guérison qui veut permettre d’avancer.
Comprendre toutes ces vérités différentes permet d’imaginer comment on peut essayer de vivre ensemble après avoir vécu des atrocités.
En conclusion
Pour arriver à un vivre ensemble pacifique, il s’agit de se poser la question des garanties de non-répétition. Il faut aussi pouvoir admettre l’existence de deux vérités différentes alors que chacun estime détenir une vérité unique. Des pistes, des chemins qui tiennent compte des situations compliquées, complexes sont à découvrir...
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